Nissan touché par la fraude de Mitsubishi sur les tests énergétiques

par **shengaorine** Jeu 21 Avr 2016 - 9:16

C'est au tour du constructeur japonais Mitsubishi Motors de reconnaître avoir manipulé des tests sur les rendements énergétiques de ses voitures.

Après Volkswagen, le nouveau tricheur s'appelle… Mitsubishi. Et Nissan est aussi touché par ricochet. Un bel imbroglio en vue. Moins connu que le constructeur allemand qui fut brièvement le numéro un auto mondial (au premier semestre 2015), le japonais Mitsubishi Motors (MMC) a avoué ce mercredi avoir "manipulé des tests pour présenter de meilleurs rendements énergétiques"! La fraude concerne au moins 625.000 véhicules vendus au Japon. Quatre mini-véhicules (voitures de moins de 660 cm3 de cylindrée fiscalement favorisées) sont en cause. Et cette crise frappe aussi 468.000 mini-voitures produite par MMC pour Nissan aux termes des accords croisés. Ces modèles ne sont vendus que dans l'archipel. Ce qui limitera les dégâts internationaux. Mais d'autres véhicules devraient aussi être concernés. Le ministère japonais des Transports a demandé à Mitsubishi un rapport sur cette affaire, d'ici au 27 avril, et ajouté qu'il prendrait une décision à la suite de la lecture de ce rapport d'ici au 18 mai.
Pour le moment, le scandale n'a pas l'ampleur de celui qui frappe Volkswagen et a éclaté en septembre dernier aux Etats-Unis. Le groupe allemand avait installé des logiciels spécifiques sur onze millions de ses véhicules diesel dans le monde, destinés à détecter et fausser les tests d'anti-pollution. Le "Dieselgate" pourrait coûter des dizaines de milliards d'euros au constructeur d'outre-Rhin.

Dans le cas de MMC, il s'agit seulement de consommation (donc de rejets de CO2) volontairement "améliorées". S'exprimant lors d'une conférence de presse, le président Tetsuro Aikawa a d'ailleurs présenté ses excuses. C'est d'autant plus humiliant pour MMC que le scandale est arrivé via Nissan! "Notre client Nissan a découvert des écarts entre les chiffres fournis et ceux constatés et nous a demandé de revoir nos valeurs", explique ainsi laconiquement Mitsubishi Motors. "Nous avons décidé d'arrêter la production et les ventes des modèles en cause", poursuit le constructeur qui fut naguère lié à PSA, précisant que Nissan avait fait de même. L'annonce, juste avant la clôture de la Bourse, a fait plonger l'action de plus de 15%.

Une image verte qui prend un coup

L'affaire tombe mal. MMC, qui écoule un peu plus d'un million de véhicules annuels, était justement en train de se forger une image "verte" avec ses modèles électriques - qu'il a fournis à Peugeot et Citroën (sous les noms respectifs de Ion et C-Zéro) - et son "SUV" hybride rechargeable Outlander PHEV. Cette affaire est fâcheuse. Il y a une douzaine d'années, MMC avait déjà failli faire faillite, suite notamment à un scandale sur des défauts dissimulés, en violation de la loi japonaise sur les rappels.
L'opinion publique mondiale est très sensibilisée depuis l'affaire Volkswagen aux problèmes d'anti-pollution. Et MMC, comme Volkswagen, a volontairement manipulé des tests. D'autres constructeurs sont cependant également mis sur la sellette. Des propriétaires de véhicules diesel Mercedes ont ainsi déposé une nouvelle plainte en nom collectif ("Class action") aux Etats-Unis, estimant que les moteurs incriminés sont sans doute équipés d'un dispositif permettant aussi de contourner les tests d'émissions polluantes, une accusation que la société-mère Daimler rejette totalement.

En France, Renault a aussi été mis en cause par la Commission Royal. Les tests de contrôle pratiqués dans l'Hexagone suite au "Dieselgate" Volkswagen n'ont toutefois pas relevé de fraude. Renault a cependant accepté de retravailler les émissions de ses véhicules. Il a annoncé ainsi début avril " un ensemble d'actions visant à réduire les émissions d'oxydes d'azote (NOx) de ses véhicules Diesel EURO 6b en usage client", affirmait un communiqué de la firme tricolore. Ces actions seront appliquées en usine à partir de juillet et pourront bénéficier aux propriétaires de véhicules déjà en circulation à partir d'octobre prochain

Source http://www.challenges.fr/entreprise/industrie-automobile/20160420.CHA8118/apres-volkswagen-mitsubishi-motors-a-aussi-manipule-des-tests.html