Volkswagen ébranlé par la démission de Piëch

par **shengaorine** Lun 27 Avr 2015 - 16:00

L’artisan du succès du champion automobile allemand a quitté la présidence du conseil de surveillance. Son dernier bras de fer, contre le président du directoire, lui a été fatal.

La démission subite de Ferdinand Piëch, le patriarche et actionnaire de Volkswagen, marque la fin d’une ère pour le premier groupe automobile européen. Le « génie de l’automobile » a décidé samedi de quitter ses fonctions de président du conseil de surveillance après avoir perdu son bras de fer contre les autres actionnaires, décidés à soutenir le président du directoire, Martin Winterkorn, qu’il voulait pousser vers la sortie. L’ancien président du syndicat IG Metall, Berthold Huber, a pris son poste à titre provisoire.
« Le départ de Piëch est un séisme au sein de la structure de pouvoir de Volkswagen et il pourrait avoir des conséquences spectaculaires sur le fonctionnement d’un des premiers constructeurs automobiles au monde », estime Karl Brauer, analyste senior chez Kelley Blue Book. « C’est la fin d’une grande ère, a commenté Stefan Bratzel, directeur du Centre de gestion automobile de l’Université de science appliquée de Bergisch Gladbach. La situation était intenable. »

La lutte fratricide ne pouvait plus durer

Ferdinand Pïëch, petit-fils de l’inventeur de la coccinelle, Ferdinand Porsche, a fait du groupe un géant en passe de détrôner le japonais Toyota à la tête des premiers constructeurs mondiaux. Le groupe aux 12 marques, dont Audi et Skoda, pèse aujourd’hui 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit l’équivalent du PIB de la Grèce, et emploie 600.000 salariés dans le monde. « Volkswagen sans Ferdinand Pïech, c’est comme Apple le jour où Steve Jobs a disparu, note le « Handelsblatt ». C’est comme Fiat sans les Agnelli. »
Certes, la lutte fratricide qui durait depuis deux semaines au sommet du géant de Wolfsburg ne pouvait plus durer. Celui qui a eu la tête de plusieurs patrons avait mis le feu en poudre en déclarant « prendre ses distances » vis-à-vis de Martin Winterkorn, dont il estimait avoir perdu la confiance.
Mais il s’est retrouvé en minorité face à la branche de son cousin, Wolfgang Porsche, avec laquelle il contrôle 50,7 % de l’empire automobile. Mais aussi face au Land de Basse-Saxe, actionnaire à hauteur de 20 %, et aux représentants des employés, qui occupent la moitié des sièges du conseil conformément à la cogestion allemande.

Mystère sur ses intentions

« Un consensus s’est fait au sein du comité de direction [du conseil, NDLR], si bien que, à la lumière de ce qui s’est déroulé cette semaine, la confiance nécessaire à une coopération fructueuse n’était plus là », peut-on lire dans le communiqué publié samedi soir.
Le départ du conseil de Ferdinand Piëch – et de sa femme Ursula, au passage – laisse entier le mystère sur ses intentions. Va-t-il continuer à savonner la planche de Martin Winterkorn et utiliser ses parts dans la société pour bloquer le président du directoire ? Va-t-il conserver ses titres ou rompre tous ses liens avec Volkswagen, faute d’en avoir perdu le pouvoir pour la première fois depuis vingt ans ?
Son successeur intérimaire ne semble pas exclure le pire après la sortie de route tragique du manager colérique. « Nous partons du principe que Monsieur Piëch ne veut pas faire de tort à Volkswagen avec ses parts, a déclaré Berthold Huber. C’est l’œuvre de sa vie. »

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